Ceci est la huitième partie de la nouvelle Saranghae.
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Sinon bonne lecture !
Le repas s’était bien passé, Rose avait fait connaissance avec Erwan lors de la préparation du bibimbap et découvert une autre facette des filles. Le trio venait de s’installer dans le salon alors que le jeune kiné descendait les poubelles.
Jade s’adressa directement à Rose :
« Tu aimes les dramas, n’est-ce-pas ?
— Oui, j’en regarde de temps en temps.
— Assez souvent quand même, non ? insista Jade
— C’est bon ! intervenue Lorna. J’ai compris le message.
— Quel message ? demanda Rose perdue.
— Madame veut draguer en paix.
— Ce n’est pas contre toi ! s’empressa d’ajouter Jade.
— Du coup, si ça te va, on peut aller se regarder un truc dans ma chambre, dit Lorna.
— Juste toutes les deux ? s’enquit Rose, ahurie.
— Avec qui vous voulez, tant que vous me laissez seule avec Erwan.
— Ça te pose un problème ? questionna Lorna.
— Non, non ! C’est juste que … répondit Rose en jetant un œil à Jade.
— S’il te plait ! rebondit cette dernière les yeux fermés et les mains jointes. Je te revaudrais ça, promesse d’élément de la nature !
— Pas besoin d’en arriver à de telles extrémités ! » réagit Rose, aux anges.
Lorna échangea un regard complice avec Jade avant d’emmener Rose dans sa chambre. Cette dernière eut un petit sourire lorsqu’elle découvrit que son couvre lit était de la même couleur que la parka qu’elle portait le soir du concert.
« Tu aimes bien le jaune, se contenta de dire Rose.
— Oui, répondit-elle joyeusement. Ça me fait plaisir que tu aies remarqué. Installe-toi, j’arrive avec l’ordinateur. Il y a un nouveau drama sur Netflix. Scénario basique : un mec richissime qui va s’amouracher d’une nana sans le sou. Mais au vu des extraits ça a l’air assez drôle et les acteurs sont bons. Le premier épisode est sorti mercredi si ma mémoire est bonne.
— Ah oui, je l’ai vu dans mes recommandations il me tentait bien. » répondit Rose assise sur le bord du matelas alors que Lorna installait son ordinateur au pied du lit.
Une fois la série coréenne lancée, la chimiste se plaça le dos contre le mur. Rose essaya de s’asseoir à sa gauche mais son hôte la coupa :
« J’ai un petit lit, sorry. Le mieux, c’est que tu te mettes devant moi, dit-elle en désignant l’espace entre ses jambes étendues.
— Mais je vais te cacher la vue, rétorqua Rose.
— Au vu de notre différence de taille, ça devrait aller ! » affirma-t-elle avec un clin d’œil.Rose s’installa devant Lorna, gardant le dos bien droit et s’efforçant à rester suffisamment éloignée de cette dernière. Deux mains attrapèrent ses épaules et la firent basculer en arrière, la collant contre le torse de la chimiste.
« Tu vas te choper une tendinite à rester raide comme un piquet ! On est sur un lit riquiqui, on ne va pas commencer à faire des chichis ! déclara Lorna d’un ton assuré.
— Je ne voulais pas te-
— Déranger ? la coupa-t-elle. J’ai déjà entendu ça quelque part. Tu ne me déranges jamais Rose. » ajouta Lorna avant de déposer un baiser sur son front.
Si l’être humain avait la capacité de fondre, Rose serait à l’état liquide. Ses joues étaient brûlantes et les cheveux de sa comparse chatouillaient sa peau, ce qui n’arrangeait pas la situation. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine alors qu’elle devinait celle de Lorna dans son dos. Elle sentait les fameux papillons dans son ventre, ceux auxquels elle n’avait jamais cru, s’envoler et électriser tout son corps jusqu’au bout de ses ongles. Tout son être bouillonnait, l’empêchant de réfléchir correctement. Rose glissa sa main droite dans celle de Lorna, qui referma ses doigts sur sa petite paume.
Elles restèrent ainsi pendant tout l’épisode, partageant parfois leurs avis sur l’intrigue déjà-vu ou les personnages clichés au possible. Alors que le générique se déroulait, le téléphone de Lorna sonna. Cette dernière se leva pour répondre, laissant un vide désagréable autour de Rose.
« Hé ! Sorry, je n’avais pas vu l’heure. Je suis avec du monde, je peux te rappeler plus tard ? … On fait comme ça…. Moi aussi… bisous. »
Lorna raccrocha et afficha un air désolé qui n’annonçait rien de bon. Rose prit la parole et le regretta à l’instant où les mots franchirent ses lèvres :
« C’était ta copine ?
— Oui… admit Lorna confuse. Elle vit à Montréal, c’est pour ça qu’on s’appelle toujours dans ces horaires-là. »
Rose fixait un point imaginaire sur le mur d’en face, le cœur lourd et les larmes aux bords des yeux. Elle avait l’impression qu’un fou avait attrapé ses papillons et leur déchirait méthodiquement les ailes, en riant. Elle entendait les petits insectes couiner avant d’être réduits en poussière.
« Ça va ? demanda maladroitement Lorna.
— Oui, mentit ouvertement Rose. Je n’avais pas vu l’heure non plus, je vais partir sinon je n’aurais plus de RER pour rentrer.
— Je peux la rappeler plus tard.
— Lorna, dit Rose un ton au-dessus, contenant mal son désarroi. Il vaut mieux que je parte maintenant.
— Laisse-moi t’accompagner.
— Non ! répondit fermement Rose. Je vais me débrouiller toute seule. Rappelle-la, elle attend ton coup de fil. »
Rose sortit rapidement, traversa le salon avant de se préparer avec hâte. Elle jeta un dernier regard à la porte fermée de la chambre de Lorna et quitta les lieux.
Dehors le bruit des scooters mélangé aux discours d’ivrognes couvrait la complainte de son cœur blessé.
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