« Dring dring dring »
Qui pouvait bien donc l’appeler un dimanche matin ? A l’heure de la messe qui plus est. Elle s’approcha du combiné et essaya de déchiffrer le numéro, elle avait glissé ses lunettes dans son sac pour lire le missel sans problème. Quand elle comprit qui était à l’autre bout du fil elle décrocha précipitamment. C’était son fils.
Il lui demanda de ses nouvelles. Elle lui parla de son quotidien, de la dernière visite chez le médecin, de ses salades mangées par les limaces, du chat de la voisine qui vient sur ses genoux quand elle lit sur la terrasse.
« Et toi comment vas-tu ? »
Il lui répondit que la vie était dure. Il n’avait pas encore retrouvé de travail et qu’avec le maigre salaire de son épouse, une fois les charges fixes payées ce n’était pas évident de remplir le frigo.
Elle essaya de trouver les mots justes pour lui remonter le moral, en vain. Il la remercia pour sa sollicitude, mais elle savait que seul l’argent pouvait vraiment l’aider.
Après de tendres salutations elle raccrocha. Elle se trouvait debout dans son salon, toute seule. Il avait besoin d’argent, elle allait lui en donner. Pas qu’elle en avait trop, loin de là, mais elle n’avait qu’une petite bouche de retraitée à nourrir et plus de loyer à payer. Elle réfléchit, puis se dirigea vers le thermostat et descendit la température à 14°C. Elle avait bien assez de vêtements pour se couvrir en conséquence. Elle fit le tour de ses prises et fit disparaître toutes les lumières rouges de ses appareils électroniques. Elle avait grandi sans, elle pouvait bien s’en passer quelques mois.
Elle allait faire un chèque quand elle se rappela la mésaventure d’une vieille amie, la CAF avait amputé son chèque du RSA de sa fille. De l’espèce, seulement de l’espèce. Elle passerait à la banque retirer du liquide demain, vu qu’il était dimanche.
La messe ! Elle avait complément oublié ! Elle jeta un œil à sa montre. Plus d’une demi-heure de retard, c’était loupé pour aller à l’église. Mais elle pouvait encore suivre la cérémonie de sa télévision. Elle appuya sur le bouton un fois, deux fois, trois fois. Rien à faire, la boîte ne voulait pas réagir. Elle se rappela alors qu’elle l’avait débranchée.
Elle s’installa sur le fauteuil et sortit un chapelet de sa poche. Elle commença à réciter pieusement ses prières, demandant silencieusement à la Vierge Marie de protéger sa famille.
Image par Angeline Bauer de Pixabay
Je n’ai pas grand chose à dire sur ce texte, quand j’ai vu la liste j’ai tout de suite pensé à Huguette. Une femme pleine de générosité et d’amour qui fait au mieux dans ce monde de fou.
L’Inktober reste quand même un défi dessin, voici mes coups de cœur du jour :