Lettre par lettre il noircit le papier de son carnet.
Ça tangue, ça secoue, c’est bruyant, mais il reste concentré sur sa page A6 lignée.
Les lettres deviennent des mots, puis des phrases. Comme un mur qu’on monte, chaque mot est une brique, chaque ponctuation une coulée de ciment, chaque page terminée une rangée.
Il écrit, gribouille, rature.
Comme le maçon qui joue de la truelle, il fait danser son stylo avec aisance sur le papier. Alors que l’ouvrier regarde avec fierté la maison qui se dessine, lui observe son monde et les gens qui le peuplent prendre forme sous sa plume
« Oh mon dieu ! Elliot, t’es pas sérieux là ! »
Il lève les yeux vers sa camarade de classe qui semble trouver la situation hilarante.
Une brèche apparaît sur ce si beau mur.
« J’avait ! J’avais avec un T ? »
Il la regarde pouffer de rire et passer le mot à sa voisine.
La fissure s’agrandit.
Bientôt tout le wagon se moque ouvertement de lui.
La maison s’écroule.
Elliot baisse la tête, rouge de honte et range son carnet.
La construction s’effondre sur elle-même, comme une plaie béante dans le sol qui avalerait tout. Les briques, le ciment, les forêts, les villes, les princesses, les sorcières, les trolls, tous réduits au néant.
L’ouvrier ne peut que constater les dégâts, c’est une ruine.
La faute à qui ?
A des fondations trop faibles, un terrain inadapté, ou peut-être à un sabotage ?
Image par Free-Photos de Pixabay
Petite dédicace à l’ado que j’étais, qui a fait taire ses envies de raconter des histoires pendant des années. Elliot aura le droit à une suite un jour ou l’autre, je vous en fais la promesse !
L’Inktober reste quand même un défi dessin, voici mes coups de cœur du jour :