Ulysse fixait un point imaginaire sur le bureau en bois massif du médecin. Ça faisait des heures qu’il se rongeait les ongles à sang, qu’il suppliait le personnel de lui donner des informations, qu’il écoutait aux portes pour comprendre pourquoi sa femme n’était toujours pas revenue dans la chambre.
Et puis au bout de trois heures on l’avait conduit au bureau de l’obstétricien. Tout ce remue-ménage l’avait épuisé, il ne souhaitait qu’une chose qu’il lui dise que tout va bien.
Il avait compris qu’il n’aurait pas ce qu’il attendait quand le médecin commença par lui dire que son fils allait bien. Ulysse savait très bien que son fils allait bien, qu’il faisait la bonne taille, le bon poids et qu’il dormait sagement dans la pouponnière. Le personnel médical lui avait montré sa tête d’ange dès qu’il était sorti du bloc opératoire, le laissant le prendre dans ses bras quelques minutes. Tenir ce petit corps contre lui l’avait empli d’un bonheur sans limite, ses émotions l’avaient submergé, entre crises de rires et de larmes il avait rencontré son fils, leur fils.
Cela aurait dû être le plus beau jour de leur vie, de sa vie.
Il leva les yeux vers le chef de service qui jacassait tout seul et lâcha :
« Ma femme ? »
Il eut un nouveau silence, le scientifique retira ses lunettes, baissa les yeux de pudeur et répondit « Je suis désolé » .
Son cœur se brisa et tout autour de lui paru vide. Les livres, les étagères, les posters, les placards, les flacons, tout ceci n’avait plus de consistance. Devant lui le médecin déroulait son discours monotone. Il pouvait bien bavarder, s’excuser, se défendre, utiliser des mots compliqués, être compatissant, rien ne pourrait éponger sa peine.
Aujourd’hui aurait dû être le plus beau jour de sa vie, pas son dernier.
L’esprit chamboulé l’image de ce bébé fragile lui revint à l’esprit. Il leva enfin les yeux vers le spécialiste, terrorisé.
« Comment on fait pour élever un enfant sans maman ? »
L’homme posa ses mains sur ses doigts tremblants.
« Comme tous les enfants, en les couvrant d’amour et les chérissant tous les jours.»
Le vingt-et-unième ! Avouez, vous n’y croyez plus ? Et bien moi non plus ! Je suis la première surprise !
J’ai mis du temps à le publier, parce qu’il ne respire pas la joie de vivre et j’aurais aimé un peu plus d’espoir. J’ai essayé de retravailler le texte mais je n’arrivais pas à bien mêler les deux. Et puis en cherchant une photo pour l’article, je suis tombée sur celle-ci qui a été un véritable coup de cœur. Une très belle photo qui montre qu’Ulysse et son fils se portent bien !
Pour la suite, je vais terminer mes portraits à mon rythme et je finirai avec un long billet d’humeur sur cette expérience, parce qu’il y a des choses à dire !
Merci pour tout le soutien que vous me donnez !
Inktober reste quand même un défi dessin, voici mes coups de cœur du jour :